06/02/2017
Symbolisme – Sortilèges de l'eau
à propos de l'exposition Symbolisme – Sortilèges de l'eau, à la fondation Pierre Arnaud, Lens.
Le symbolisme, mouvement artistique apparu dans la seconde moitié du XIXe siècle, représente un renouvellement esthétique et thématique, qui s'oppose au matérialisme et au réalisme pour trouver des sources d'inspiration dans la mythologie et la littérature ancienne ou moderne, dans les mondes des légendes et du rêve. Baudelaire en a été le précurseur en poésie, le symbolisme ayant repris certains traits romantiques, comme l'idéalisme et la subjectivité. L'esthétique symboliste a été par la suite développée par Stéphane Mallarmé et Paul Verlaine. On peut trouver également, dans la peinture, l'influence des Préraphaélites, dans le rôle accordé à la narration, et la perméabilité entre l'image et le récit. Mais le symbolisme représente avant tout le triomphe de l'imagination et de l'idée sur la nature ; la manifestation d'une vision personnelle et souvent cryptique, faite d'échos mystiques, d'évocations féeriques et de l'étrangeté propre au rêve. Une esthétique que l'on retrouve en France, en Belgique et en Russie principalement, et qui concerne autant le roman -comme À Rebours, de J.K Huysmans, ou Bruges-la-Morte, de Georges Rodenbach-, que la peinture, mais aussi l'illustration, l'affiche, la sculpture ou même la musique. C'est par ailleurs un aspect caractéristique de l'époque, qui consiste à établir des passages entre des domaines artistiques différents. Aesthetic Movement, Art Nouveau, Arts & Crafts... L'art de cette époque a beau être innovant, singulier, voire subversif, il demeure toujours décoratif, dans le sens où il fait irruption dans la banalité du quotidien et a pour vocation de le transforme. (1)
Le sumbolon (σύμβολον) était, dans la Grèce antique, un tesson de poterie brisé en deux morceaux, dont le parfait emboîtement des fragments une fois réunis constituait un signe de reconnaissance pour les porteurs de chaque moitié. Le symbole pictural renvoie ainsi à une autre réalité, à un autre récit que le spectateur peut reconnaître, ou déchiffrer, à partir du fragment qui lui est offert. Les interprétations peuvent être aussi diverses que les références possibles. Cette exposition explore un thème souvent traité dans la peinture symboliste : l'eau dans tous ses aspects légendaires et mystérieux : créatures aquatiques bienveillantes ou dangereuses ; eaux claires, dormantes ou troubles ; histoires de séduction et de mort ayant pour cadre la mer, les lacs ou les sources. Les œuvres sont agencées d'après les « sujets accueillis » dans les premières expositions symbolistes : le Rêve, l'Idéal, le Mythe, la Légende, l'Allégorie et la Paraphrase.(2)
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Alphonse Osbert, Poème du soir
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09/12/2016
Comment dire l'instant en peinture. De William Blake à Antoine Watteau
À propos de Comment dire l'instant en peinture. De William Blake à Antoine Watteau, de Dominique Vergnon Le titre de cet essai fait allusion à une phrase de Diderot : « Le peintre n'a qu'un instant presque indivisible ; c'est à cet instant que tous les mouvements de sa composition doivent se rapporter. ». L'instant désignerait un stade ultime de perfection de l’œuvre picturale, où plus aucune intervention ou modification de la part de l'artiste ne serait nécessaire. Une notion temporelle pour expliquer une réalité apparemment contradictoire : la fixation sur la toile de l'éphémère d'une lumière, d'un mouvement ou d'une émotion, à l'intérieur d'une scène qui contient par ailleurs d'autres points d'intérêt, d'autres histoires possibles ; la recherche d'un présent absolu, d'une synthèse, le délaissement du superflu... Si l'aboutissement de ce processus créatif est perceptible par le spectateur et fait partie de l'expérience esthétique de tout amateur de peinture, il est en revanche difficile de transcrire ce moment à l'aide du langage verbal sans l'aide de digression métaphoriques ou conceptuelles. La démarche est pourtant réussie dans cet album, où les peintres sont présentés par ordre alphabétique. Il s'agit de faire émerger, avec érudition et délicatesse, la singularité de chaque artiste, à travers des échos de sa vie et de la façon dont ses œuvres ont été reçues en son temps, à travers des détails chromatiques, des ombres et des expressions des procédés de style et de composition -usage de la perspective, place et rôle des personnages-, à travers également son opacité et son mystère. À l'image de celle de Giorgione « l'Insaisissable », les vies de peintres semblent se dérouler dans un doux clair-obscur qui les fait ressembler à des légendes sans âge. L'essentiel est ailleurs. Chaque style est unique, ancré dans un mode cohérent, qui s'affranchit de la biographie et des conventions esthétiques d'un temps déterminé, et traverse ainsi les époques. Les classiques ne vieillissent pas. Le choix éclectique, d'artistes autant que de tableaux, montre que le monde de l'art n'est jamais un jardin clos, mais que le caractère original d'une œuvre peut venir aussi bien de l'interprétation d'une tradition que d'une volonté de rupture. On trouvera ici des anciens et des modernes, de Paolo Uccello à Piet Mondrian, en passant par Hokusai, Seurat ou Holbein. La singularité de William Blake tient à son mysticisme, à la perméabilité entre peinture et poésie, à ses sources à la fois bibliques et shakespeariennes ; celle de Chardin à son choix unique des scènes d'intérieur, à ses portraits de femmes au travail ; celle de Chagall à sa culture juive et hassidique, à son amour de la vie et de la peinture... Dans les Noces de Cana de Véronèse, les points de fuite sont multiples, les personnages nombreux, les couleurs brillantes, le chatoiement des soieries, des perles, de l'or attirent le regard, une infinité de mouvements qui se déploient autour du point central et de la figure du Christ, formant une mise en scène complexe qui laisse cependant une impression de légèreté évidente. Les effets les mieux étudiés sont ceux qui paraissent issus d'élans spontanés. Comment dire l'instant en peinture. De William Blake à Antoine Watteau, de Dominique Vergnon. Éd. Michel de Maule, 2014 http://inma-abbet.blogspot.ch/2016/12/comment-dire-linstant-en-peinture-de.html
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23/08/2016
Le monde de John Atkinson Grimshaw
Des personnages solitaires s'attardent au coin d'une rue, à l'orée d'un chemin campagnard, près des voies du chemin de fer, se promènent sur les quais d'un port ou dans les avenues d'une grande ville, où l'on voit des vitrines éclairées, de l'asphalte mouillé, des becs de gaz qui brillent à travers le brouillard. Ce sont des paysages suburbains et glaciaux, ceux des confins des cités du nord qui semblent avoir grandi trop vite, où le bruit et l'activité paraissent amortis, enveloppées dans le silence, à la tombée du jour ou, plus fréquemment, sous la clarté lunaire. Ce sont des docks et des champs baignés par une lumière pâle ou d'un jaune doré, vouée à sublimer le froid et la pollution, inscrivant les traits caractéristiques de l'ère industrielle dans une volonté de réalisme, sans les cacher ni les afficher explicitement. C'est un monde presque anonyme, qui ressemble aux images que l'on voit défiler par la fenêtre lors d'un voyage en train, un monde où le banal devient énigmatique et presque inquiétant, vision d'une réalité fidèlement rendue jusqu'à paraître irréelle, subtilement influencée par l'art photographique. Par ailleurs, la première rencontre du spectateur d'aujourd'hui avec les œuvres de John Atkinson Grimshaw se fait souvent par l'entremise de couvertures de livres qui ont un lien avec le genre fantastique. L'inquiétante étrangeté qui surgit de ces toiles appartient cependant au domaine de la conjecture ou à celui du mirage : le regard sur cette œuvre singulière ne s'appuie sur aucune théorie, car l'auteur n'a pas laissé les traditionnelles clés d'interprétation qui sont les lettres, les journaux ou d'autres écrits sur la peinture. De la vie de Grimshaw (1836-1893), les quelques dates et événements importants connus montrent le parcours d'un homme ordinaire de l'époque victorienne, qui a pourtant laissé une œuvre extraordinaire. L'artiste, originaire de la ville de Leeds, est issu d'un milieu modeste et ne fréquente pas d'école d'art. Sa vocation artistique a été pourtant assez tôt affirmée, et d'après ses biographes, il s'est formé en autodidacte, en s'inspirant pour ses premiers sujets de photographies vendues dans des boutiques de souvenirs; des scènes lacustres et des natures mortes avec des oiseaux ou des fruits qui se distinguent par leur réalisme et leur précision dans les détails. Il connaissait l'usage de la chambre noire. Ses premières expositions ont eu lieu à Leeds, où il épouse en 1858 Frances Theodosia Hubbard. En 1861, il quitte son emploi à la Great Northern Railway pour devenir peintre à plein temps malgré l'opposition de ses parents. La Leeds Philosophical and Literary Society et d'autres amateurs d'art font alors connaître sa peinture. Son œuvre, inspirée par les Préraphaélites d'abord, et par l'Esthétisme, Lawrence Alma-Tadema et James Tissot ensuite, comprend naturellement de nombreuses vues urbaines ou champêtres, mais aussi des féeries très appréciées du public victorien, des sujets littéraires ou néo-classiques, et des scènes d'intérieur raffinées et mélancoliques. Elle atteint un succès considérable dans les années 1870, lorsque les marchands d'art londoniens, Thomas Agnew, puis Arthur Tooth vendent ses œuvres auprès d'un large public qui aime la représentation de scènes de la vie moderne avec une décoration luxueuse, des objets d'art et des femmes habillées à la mode. D'autres collectionneurs apprécient particulièrement les perspectives urbaines et portuaires des villes du nord : Liverpool, Hull, Whitby, Glasgow... SUITE : http://inma-abbet.blogspot.ch/2016/07/le-monde-de-john-atkinson-grimshaw.html
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16/03/2016
La Fabrique des parfums. Naissance d'une industrie de luxe
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22/02/2016
La Huitième Reine
15:06 Publié dans Culture, Lettres | Lien permanent | Commentaires (0)
29/12/2015
En d'autres mots
à propos de En d'autres mots, de Jhumpa Lahiri
Y a-t-il un instant où une langue étrangère cesse de l'être ? Où peut bien aboutir l'immersion dans une culture choisie, l'appropriation véritable d'autres mots, d'autres tournures, d'autres pensées ? Ce sont quelques-unes des questions qui sont posées dans ce récit autobiographique dédié à l'exploration d'une passion singulière pour la langue italienne qui se manifeste chez une romancière nord-américaine d'origine indienne. Une passion qui la mènera à un profond changement dans son style de vie, car elle partira s'installer à Rome avec mari et enfants, et aussi à une transformation dans son métier d'écrivain. Lorsque la langue est la clé d'un monde inconnu qui ne demande qu'à être découvert, cela vaut bien un long apprentissage, la présence et le soutien de différents professeurs, l'usage et la composition de dictionnaires personnels, l'attente, le rêve et inévitablement la possibilité du découragement et de la déception. Un tel défi ne peut que séduire une artiste de l'écrit, et c'est sa mise en œuvre que nous propose Jhumpa Lahiri dans ce livre.
Suite : http://inma-abbet.blogspot.ch/2015/12/en-dautres-mots.html
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20/11/2015
Le Kimono de neige
15:21 Publié dans Culture, Lettres | Lien permanent | Commentaires (0)